Francine Saillant, Université Laval
La décennie des années 2010 a vu naître deux initiatives de production et diffusion de la discipline au sein du département de l’Université Laval: la série Les Possédés et le dictionnaire Anthropen. Toutes deux ont cette caractéristique commune d’être en libre accès sur le site de ce département, et de paraître au fur et à mesure lorsque les contenus sont jugés publiables. La première, Les Possédés, consiste en une série d’entretiens d’anthropologues québécois, canadiens et internationaux; la deuxième, Anthropen, est un dictionnaire d’anthropologie ancré dans le contemporain. Au moment d’écrire ces lignes, Anthropen a déjà fait paraître près de 80 entrées, chacune comprenant environ 1500 mots et des références. Leurs rédacteurs, Francine Saillant (U. Laval) et Mondher Kilani (U. Lausanne) contribuent à développer une plateforme unique dans le monde francophone et canadien en proposant aux auteurs la rédaction de contenus qui peuvent tout aussi bien nous ramener sur les sillons de catégories parmi les plus classiques de la discipline (par exemple l’entrée cosmologie) tout comme nous entrainer sur d’autres qui elles, se trouvent beaucoup plus proches de réalités contemporaines (pensons à féminicide ou encore à télévision). Mais à chaque fois les entrées doivent présenter les enjeux les plus proches d’une anthropologie en pleine évolution. Les contributeurs viennent d’institutions académiques répandues un peu partout dans le monde. Cette initiative vient combler un vide important puisque depuis 1992, aucun dictionnaire d’anthropologie qui soit généraliste n’a vu le jour en français et qui plus est, en ligne. Ce travail émane de réflexions amorcées par les rédacteurs et un réseau de collaborateurs depuis le Manifeste de Lausanne/Lausanne Manifesto publié chez Liber en 2011. Le dictionnaire souhaite de plus en plus laisser place aux anthropologies du monde et s’inspirer des versions décolonisées du savoir. Le dictionnaire paraît grâce à la collaboration des universités des deux rédacteurs et est aussi porté par la Maison d’Edition des Archives contemporaines (EAC), ainsi que par des laboratoires des deux universités. À très court terme, d’autres partenariats sont attendus afin de garantir la pérennité d’un outil qui s’imposait. Quoique les collaborateurs soient invités par les rédacteurs, des auteurs canadiens et d’ailleurs peuvent aussi proposer des contenus aux rédacteurs qui les recevront avec toute l’ouverture attendue dans la mesure de leur pertinence et de leur qualité. Avec Anthropen, l’anthropologie canadienne vient donc de se doter d’un autre outil de production et de diffusion du savoir ouvert à la communauté scientifique nationale et interationale, aux côtés des revues Anthropologica, Anthropologie et Sociétés et de la série les Possédés. La recherche et l’enseignement s’en trouvent donc enrichis.
Au congrès de la CASCA 2018 devant se tenir à Santiago de Cuba, Anthropen, les Possédés, Anthropologie et Sociétés et Anthropologica seront discutés lors d’une table ronde organisée par Alicia Sliwinski de l’Université Wilfrid Laurier. On peut consulter le dictionnaire sur le site anthropen.org. Sa présentation actuelle, fort simple, est appelée à évoluer au cours de l’année qui vient et au-delà.