Par Bernard Perley, président de la CASCA
Kwey psiw te wen. Bonjour à tous et à toutes.
Après notre réunion à Montréal pour la conférence annuelle de la CASCA, j’ai trouvé que le thème des confluences était approprié aux lieux, aux peuples, aux espèces et aux possibilités plurielles. Je suis originaire de Nekutkuk (Première Nation de Tobique) Wabanakiw (au pays de l’aube). Ma terre ancestrale se trouve au confluent des rivières Tobique et Saint-Jean. Une histoire incroyable raconte l’origine du nom Tobique. Elle implique notre héros culturel Kaluskap et le Diable. Croyez-moi, c’est une histoire rocambolesque. Pourquoi la rivière Saint-Jean a-t-elle été nommée d’après Saint-Jean ? C’est un mystère pour moi. Nous appelons la rivière Wolastok, ce qui signifie « vagues paisibles ». Il y a des jours où la rivière paraît aussi lisse qu’un miroir. En tant que communauté, nous avons été appelés par d’autres Malécites, mais nous nous appelons nous-mêmes wolastokwiyik, le peuple du fleuve aux « vagues paisibles ». Cette brève discussion sur les courants et les remous de la confluence des rivières Tobique et Saint-Jean illustre l’importance du thème de notre conférence annuelle.
La CASCA traite fondamentalement des confluences, de la rencontre ou de la fusion de peuples, d’expériences et d’idées. En tant qu’anthropologues, nous accueillons favorablement l’échange d’idées et de perspectives qui peuvent sembler divergentes. Ce faisant, nous pouvons identifier des parcours mutuellement bénéfiques qui honorent et respectent la différence tout en imaginant des objectifs et des intérêts communs. Souvent, nos confluences créent turbulences et perplexités. Par exemple, comment le Diable et Saint-Jean ont-ils pénétré les courants ancestraux de la vie des Wolastokwi ? Comment les langues et les idées coloniales ont-elles effacé les langues, les toponymes, les récits et les expériences vécues autochtones de leurs terres ancestrales ? Aujourd’hui, comment les divers courants de notre expérience collective contribuent-ils au brassage et à la turbulence des vies, des croyances et des pratiques qui continuent de poser des défis pour une réconciliation significative et un avenir durable pour tous ? L’anthropologie a navigué dans ces courants turbulents depuis ses débuts. Chaque génération pose de nouveaux défis et chaque génération suivante apporte de nouvelles perspectives et de nouvelles questions. Nous avons poursuivi cet engagement à Montréal lors du congrès de la CASCA. J’ai été ravi d’entendre vos réflexions sur notre avenir collectif.
Ceci est ma dernière réflexion pour le bulletin Culture en tant que président de la CASCA. Les courants et les vagues qui dominent nos conversations répondent souvent à des crises immédiates ou à des revendications importantes du moment. La lente violence du colonialisme continue de peser profondément sur notre quotidien. Le congrès Confluences a été l’occasion de porter ces courants à notre attention afin que notre engagement disciplinaire en sciences sociales puisse apporter des connaissances et une sensibilisation aux inégalités structurelles qui continuent de nuire à la santé et au bien-être des membres à risque de nos communautés. Je tiens à remercier le comité de planification du congrès de la CASCA d’avoir imaginé et organisé un congrès aussi stimulant, qui nous donne à tous et à toutes les moyens de poursuivre le travail essentiel de recherche, d’engagement et de transformation qui est au cœur de la CASCA. Ce fut un véritable honneur de servir les membres de la CASCA en tant que président au cours de la dernière année et j’ai hâte de travailler avec vous tous et toutes alors que nous faisons de la CASCA un élément essentiel de notre conversation vers la vérité et la réconciliation.
Wisoki woliwon psiw te wen ciw psiw te kekw.
Bernie
Description de la photo : Bernie et l’Ours cris