Yan Grenier, Université Laval et Visiting fellow à New York University
Mes travaux de doctorat portent sur l’expérience de déplacement des personnes ayant des incapacités (des personnes en fauteuil et des personnes aveugles ou demi-voyantes) dans la ville de Québec. Plus spécifiquement, je m’intéresse aux manières dont les configurations humains/non-humains permettent ou non l’actualisation des potentiels d’habitation des personnes et parallèlement, comment ces configurations participent aux situations de handicap, de participation sociale et d’exercice des droits.
Dans le cadre de ma recherche, la proposition ontographique a sérieusement été considérée. Afin de capturer les existences individuelles lors de la phase terrain et d’aborder le monde de leur point de vue, une combinaison d’outils ethnographiques classiques (l’observation participante, des entrevues semi-dirigées pré et post-expérience) a été jumelée à l’utilisation par les participantEs de caméras d’action munies d’un module GPS. Les caméras, portées au corps ou attachées au fauteuil des personnes, ont permis de documenter les déplacements quotidiens par le biais de vidéos, de narrations in situ des expériences et de traçage des cheminements.
Ces couches de données sont ensuite compilées sous forme de cartes afin de montrer et décrire la distribution spatiale, la direction et l’intensité des relations et des maillages des corps avec les éléments de l’environnement social et physique. Les centaines d’heures de trajets captées comportent les différentes manières qu’ont les personnes d’être et de devenir dans leur rapport concret à la ville et servent de base à l’analyse des stratégies d’habitation, des effets des éléments de l’environnement qui agissent tantôt comme des obstacles tantôt comme facilitateurs à travers des agencements toujours singuliers ainsi que les zones et les intensités d’inclusion et d’exclusion du territoire, et ce, tant sur les plans individuels que collectifs.