Numéro de la revue Frontières, printemps 2018
Dirigé par Laurent Jérôme et Sylvie Poirier
À travers une perspective anthropologique et des enquêtes de terrain, ce numéro de Frontières proposera un regard comparatif sur les pratiques, les savoirs et les conceptions de la mort et du deuil chez différents groupes autochtones d’Amérique du Nord, d’Amérique du Sud et d’Australie. Considérant le rituel comme la pierre angulaire de ces pratiques et de ces savoirs, il mettra l’accent sur les rites funéraires, révélateurs de conceptions singulières de la vie et de la mort. Dans les mondes autochtones, la mort et les rites funéraires ont toujours été publics et collectifs. Cette réalité se maintient face à la modernité et à la mondialisation. Les autochtones ne semblent pas dépourvus face à la mort et reformulent constamment leurs pratiques visant à accompagner les défunts. Plus souvent qu’autrement, les rites funéraires sont des occasions de consolider et de réaffirmer une identité collective distincte de la société dominante. Indissociables de leur dimension politique, les savoirs et les pratiques liés à la mort sont une occasion pour les autochtones de réaffirmer un sens de l’autonomie qui ne leur est pas reconnu par l’État. Les rites funéraires révèlent aussi des distinctions au niveau de la notion de personne, des relations entre les vivants et les morts, des conceptions autochtones de la vie après la mort, des relations profondes au territoire.
Le renforcement de réseaux d’échanges autochtones au niveau international, les dynamiques complexes entre communautés et milieux urbains ainsi que le développement des nouvelles technologies ont participé à la reformulation de certaines pratiques et conceptions liées à la mort. Dans ce numéro, il s’agira d’insister sur les continuités, mais aussi sur les transformations des pratiques et des savoirs qui se sont renouvelés dans différents contextes politiques et qui semblent continuellement s’adapter à de nouvelles réalités.