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Résultats du sondage sur le libre accès d’Anthropologica et décisions

Tad McIlwraith, Université de Guelph et Caura Wood, Université York

Faits saillants du sondage

Nous remercions tous les membres et tous les lecteurs d’Anthropologica qui ont répondu à notre sondage sur le libre accès en juillet dernier. Cet article résume les résultats du sondage et détaille la décision d’aller de l’avant avec l’option du libre accès.

Dans ce sondage, nous avons recueilli l’opinion des répondants sur le paiement d’une adhésion à la CASCA et leurs préférences en matière d’abonnement. Nous leur avons aussi demandé d’ordonner cinq scénarios financiers différents selon leur préférence. Voici quelques éléments clés des résultats :

  • 144 répondants;
  • Plus de 90 % des répondants accepteraient de payer une adhésion à la CASCA si Anthropologica était offert en libre accès;
  • Les répondants ont refusé massivement l’option des frais de traitement d’article;
  • Les répondants préfèrent à 65 % que la revue n’offre pas de copie imprimée plutôt que de devoir payer des frais supplémentaires pour celle-ci;
  • Les avis sont partagés quant aux différents scénarios de financement. Le scénario le plus populaire semble être celui qui propose une hausse des frais d’adhésion à la CASCA en vue d’offrir la revue gratuitement. Le deuxième scénario en tête de préférence est celui proposant le modèle actuel fondé sur l’adhésion, sans copie imprimée de la revue.

Contexte et vue d’ensemble

Les membres de la CASCA envisagent depuis longtemps la publication en libre accès comme moyen de rendre accessibles leurs travaux de recherche au lectorat le plus vaste possible. Ces discussions ont été accélérées par la décision du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) de modifier les critères d’admissibilité au programme de subvention Aide aux revues savantes, dont bénéficie Anthropologica depuis 1979. Dans le cadre du nouveau cycle de financement débutant en 2019, seules les revues offertes en libre accès ou prévoyant une transition vers le libre accès d’ici 2021 peuvent demander une aide financière.

Le Groupe de travail sur l’accès libre a été mis sur pied en mai 2018 afin d’évaluer la faisabilité économique de la transition d’Anthropologica d’un modèle de financement par les abonnés à un modèle de libre accès. Depuis, nous nous sommes penchés sur la nouvelle réalité de la publication en libre accès, avons analysé la situation financière de la revue et avons étudié divers scénarios de financement comportant ou non un appui financier du programme Aide aux revues savantes du CRSH. Nous avons en outre sondé l’opinion des membres de la CASCA et du lectorat de la revue sur la voie à privilégier pour la revue compte tenu des divers scénarios de financement proposés. Cette démarche avait pour but de nous amener à conseiller le comité de direction de la CASCA et le comité de rédaction de la revue quant à la soumission ou non d’une demande de financement dans le cadre du programme Aide aux revues savantes en septembre 2018.

Afin de satisfaire les nouveaux critères d’admissibilité du programme du CRSH, Anthropologica doit offrir un libre accès complet d’ici la troisième année de la subvention ou une période d’embargo (verrou d’accès payant) sur l’accès au contenu de la revue des 12 derniers mois tout au plus. Les résultats du sondage font état de deux options envisageables : 1) Libre accès avec subvention du CRSH et quote-part annuelle à assumer par chacun des membres (option préférée par 66 % des répondants); 2) Statu quo, sans subvention du CRSH et sans copies imprimées (option préférée par 20 % des répondants).

Recommandations et suites

Les Presses de l’Université de Toronto collaborent depuis 2014 avec Antrhopologica en tant qu’éditeur et principal agrégateur dans le cadre de Project Muse. Project Muse et les Presses de l’Université de Toronto sont tous deux des organismes à but non lucratif. Il convient de souligner que Project Muse ne s’associe qu’à des éditeurs à but non lucratif. Cette collaboration a généré 2000 abonnements institutionnels pour Anthropologica et le téléchargement de plus de 7500 articles annuellement. Cette collaboration a aussi permis le libre accès par autoarchivage (ou « voie verte » du libre accès), type de libre accès où l’auteur archive son article dans un répertoire public, option qui permet de rencontrer l’exigence du CRSH quand à la publication en libre accès par les chercheurs. Jusqu’à présent, il s’agit d’un modèle que la CASCA et l’équipe de rédaction de la revue sont fières d’offrir aux auteurs, aux lecteurs et aux membres; nous croyons qu’il s’agit d’un standard que nous devrions étendre ou auquel nous devrions ajouter la « voie dorée » du libre accès, c’est-à-dire le modèle de libre accès complet.

Compte tenu de la préférence et du soutien moral marqués des membres envers le libre accès et du faible appui envers les frais de traitement d’article, le Groupe de travail sur l’accès libre a recommandé au comité de direction de la CASCA de procéder à une demande de financement dans le cadre du programme d’Aide aux revues savantes pour Anthropologica. Par le fait même, nous avons recommandé que la revue adopte un plan de transition vers le libre accès complet, à atteindre d’ici la troisième année du cycle de financement. Note : Cette recommandation a été acceptée et la demande de financement a été déposée auprès du CRSH au début de septembre par la rédactrice en chef actuelle, Mme Sonja Luehrmann.

Le comité de direction a accepté d’appuyer la transition vers un libre accès complet d’ici la troisième année du cycle de financement plutôt que d’instaurer un verrou d’accès payant sur le contenu des 12 derniers mois, qui ne le rendrait accessible qu’aux abonnés. Le comité de direction a conclu qu’il était peu probable qu’un verrou d’accès payant mobile génère d’importants revenus pour la revue ou la CASCA. Qui plus est, le CRSH a déjà mentionné qu’il pourrait envisager dans un avenir rapproché de retirer des exigences la possibilité d’opter pour un verrou d’accès payant mobile. En outre, d’un point de vue d’auteur, l’option du libre accès complet d’ici la troisième année aurait le mérite d’offrir une diffusion immédiate complète de nos travaux.

Questions soulevées dans le cadre du sondage

Les répondants au sondage ont soulevé des questions pertinentes en plus de partager des suggestions utiles. Plusieurs ont fait preuve de réserve quant à l’option des frais de traitement d’article, appréhendant la création d’un système à deux vitesses qui exclurait les auteurs en début de carrière et les auteurs salariés occasionnels. L’objectif derrière le modèle de quote-part est d’éliminer les barrières économiques pouvant limiter la soumission de manuscrits et la lecture de la revue. Certains ont demandé à ce que le comité de direction de la CASCA participe à ces échanges et à la prise de décision. Dans les faits, le comité a reçu nos recommandations en août, nous a conseillés sur la question du verrou d’accès payant, puis a finalement accepté au nom de l’organisation la recommandation d’aller de l’avant vers le libre accès. Vos commentaires ont aussi suscité d’autres recherches de notre côté. Nous sommes au fait du modèle de libre accès de la revue Cultural Anthropology et l’avons pris en compte lors de nos délibérations. Si nous allons de l’avant avec l’ajout d’une quote-part à la cotisation pour financer le libre accès, nous considérerons sérieusement l’option d’un système progressif, c’est-à-dire un système à divers paliers s’adaptant à la réalité financière de chacun. Notez finalement que tant que notre groupe de travail continuera à se pencher sur la question, les possibilités de commandites privées et d’éditeurs offrant l’impression à la demande (des suggestions que vous nous avez fait parvenir) feront partie des options sur la table. Nous travaillons de concert avec le comité de rédaction et l’équipe de rédaction afin qu’Anthropologica demeure une revue de grande qualité qui fait notre fierté.

À venir

Les travaux du Groupe de travail sur l’accès libre se poursuivront en automne et à l’hiver. L’une de nos principales tâches sera désormais d’étudier divers modèles de financement en libre accès. Nous évaluerons également des options de financement plus vastes (comme Libraria et Érudit), des plateformes alternatives (comme PKP, Coalition Publica, les Presses de l’Université de Toronto et des bibliothèques universitaires individuelles) et les meilleures pratiques émergentes. Des membres du groupe de travail ont rencontré des bibliothécaires et des enseignants à leur établissement afin d’en apprendre davantage sur leurs expériences respectives auprès d’autres organisations et revues. Nous avons aussi rencontré des membres des comités de Libraria et de Coalition Publica afin de nous assurer de bien comprendre leur modèle de libre accès.

À l’automne 2018, la coprésidente du groupe de travail (l’ancienne trésorière de la CASCA), Caura Wood, a participé à une séance du congrès du Scholarly Communication Institute en Caroline du Nord. Durant cette séance intitulée Understanding and Mitigating the Risks of Open Access for Scholarly Societies, elle a rencontré des membres d’autres sociétés savantes et de Libraria afin d’échanger sur les bienfaits et les risques de la publication en libre accès. Le colloque conjoint entre la CASCA et l’AAA prévu en 2019 à Vancouver offrira l’occasion d’échanger avec les rédacteurs en chef d’autres revues d’anthropologie et permettra aux membres du Groupe de travail sur l’accès libre de consulter le comité de rédaction et les lecteurs d’Anthropologica.

Le groupe de travail s’engage à chercher des solutions de libre accès qui permettront à la revue d’atteindre le lectorat le plus vaste possible, tout en favorisant une facilité d’accès pour nos interlocuteurs de recherche, nos collègues et nos personnes-ressources issues des communautés, sans toutefois compromettre la qualité de la revue ni la capacité du lectorat à trouver nos travaux. Au gré de la transition, nous continuerons d’épauler le comité de direction de la CASCA ainsi que les rédacteurs et membres du comité de rédaction d’Anthropologica afin de réfléchir à nos réussites et aux défis à venir.

Nous avons le privilège de pouvoir compter sur une équipe talentueuse provenant de diverses régions. Nous en profitons donc pour remercier Sonja Luehrmann, Udo Krautwurst, Brian Thom, Alicia Sliwinski, Linnéa S. Rowlatt, Heather Young Leslie et Alexandrine Boudreault-Fournier, ainsi que le personnel attentionné des Presses de l’Université de Toronto, pour leur temps et contribution inestimable à l’ensemble des travaux et des résultats du groupe de travail.

En dernier lieu, veuillez noter que le groupe de travail est continuellement à la recherche de nouveaux membres. Si les travaux que nous abordons vous intéressent, veuillez nous écrire par courriel. Nous vous remercions également de votre soutien et de votre appui envers Anthropologica.

Au nom des membres du Groupe de travail sur l’accès libre,

Tad McIlwraith et Caura Wood

tad.mcilwraith@uoguelph.ca / caura.wood@gmail.com

Coprésidents du Groupe de travail sur l’accès libre

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